L'auteur

Titulaire d'un Doctorat en philosophie et d'une maîtrise en histoire, l'auteur est restée fidèle à ses deux «initiateurs» en philosophie, Nietzsche et Kierkegaard, mais admire tout autant Spinoza, Russell, Arendt...
Marie-Pierre Fiorentino

dimanche 28 décembre 2025

Le mythe de Theuth à l’épreuve de la lettre d’amour.

 

À ma Muse.

 

« Car voici l'inconvénient de l'écriture, mon cher Phèdre, comme de la peinture.

Les productions de ce dernier art semblent vivantes ;

mais interrogez-les, elles vous répondront par un grave silence. »*

Platon, Phèdre (274a-278)

 

La lettre qui n’existera pas.

Trame pour un roman.


Leur amour, en dix ans de secret, s’était propagé dans toutes les dimensions de leur existence, comme un arbre développe son système radiculaire de façon d’autant plus acharnée et profonde qu’il vit en pays de sècheresse.

Lui écrire des lettres pour le bonheur de la conversation prolongée avec lui dans son for intérieur, pour le mystère du moment où il les ouvre, de la boîte où il les conserve. Écrire quand on ne peut caresser.

« Écris-moi une lettre », lui demanda-t-elle cet été-là.

 

Une lettre ? Pourquoi donc ?

 

Il s’en tira par un pied de nez : un rébus d’amour en trois dessins, lumineux et frustrant, tout ce qu’il fallait pour entretenir la flamme.

Il était un nouveau Socrate face à elle, naïve comme Phèdre. Il pressentait tous les inconvénients d’être auteur, fût-ce seulement de lettres. Quelle postérité pour Socrate écrivant ? Pas impossible que si le philosophe avait connu leur histoire, il aurait rajouté au mythe de Theuth un argument contre l’écriture.

 

La fin du roman… Peut-être une missive pour le remercier, malgré sa déception, puisque c’était leur façon de s’aimer. 

*http://palimpsestes.fr/textes_philo/platon/ecriture-phedre.html

 

Le Garn, 12 août- 28 décembre 2025.