L'auteur

Titulaire d'un Doctorat en philosophie et d'une maîtrise en histoire, l'auteur est restée fidèle à ses deux «initiateurs» en philosophie, Nietzsche et Kierkegaard, mais admire tout autant Spinoza, Russell, Arendt...
Marie-Pierre Fiorentino

lundi 10 août 2020

Est-ce ainsi que les hommes aiment ?

 À mon étoile filante.

  

« Loin de toi, un ennui inquiet m’abat ou me jette au contraire dans mille directions actives que je tente, fuite insensée, d’emprunter toutes à la fois. Je me demande alors, révoltée par la cruauté de ma question mais avide de preuves, si tu as mal aussi.

Cependant, qu’est-ce que cet amour qui se rassurerait de te savoir partager mes doutes, mes frustrations, mes hantises ? Ne devrais-je pas plutôt vouloir que ton esprit soit épargné par les névroses, ton cœur par le chagrin ?

Je suis un monstre. »

 

« Tu te le demandes sans le lui demander, redoutant le sourire de satisfaction qu’un oui t’arracherait autant que l’inavouable morsure d’un non.  Mais toujours ta culpabilité prospère sur la putréfaction d’un moralisme inepte.

Un monstre ? Laisse-moi rire. Tu te flattes par ce mot qui t’érige en exception.

C’est pourtant ainsi que les hommes aiment, dans l’amertume de se découvrir tels qu’ils sont, le désespoir de n’être pas comme ils souhaiteraient et quelquefois l’éblouissement d’être aimé, malgré cela, par un cœur semblable au leur, un cœur humain. »

 

Le Garn, 30 juillet-9 août 2020.