Dieu, lassé du spectacle humain, sanglant et oppressif, demanda à ses anges :
« Mais que pourrais-je faire
pour qu’ils cessent de se faire du mal ? »
« Récompense les plus justes d’une
vie plus longue, beaucoup plus longue » suggéra celui qui avait beaucoup
vécu sur Terre.
Un diablotin ayant eu vent de l’idée
la répéta au Diable, qui en rit. Quel homme serait assez stupide pour préférer
s’ennuyer longtemps plutôt que vivre pleinement ? Il s’en amusait en
tirant sur l’oreille de Calliclès*, qu’il avait trouvé de meilleure compagnie
qu’un chien.
Dieu et Diable ignoraient-ils que les hommes étaient vraiment capables, gratuitement, de tout ? Heureusement que les justes n’avaient pas attendu le premier ni craint le second. Car c’est une affaire de liberté et de sens de l’existence à laquelle ni Diable ni Dieu, parce qu’ils sont éternels, ne peuvent rien connaître.
Calliclès* : personnage imaginé
par Platon dans Gorgias pour représenter l’opinion favorable à la loi du
plus fort, à la tyrannie et à tous les excès pourvu que l’on prenne du plaisir.